Éolienne BOLLÉE : C'est quoi ?
Ernest-Sylvain Bollée, né en 1814 est issu d’une grande famille de fondeur de cloches. Lors de son premier brevet pour l’éolienne en 1868, il avait 56 ans. Ce fut probablement Ernest-Sylvain qui utilisa pour la première fois le mot d’Eolienne en déposant son brevet. (Le nom Bollée entra au dictionnaire en 1907). Ernest-Sylvain a épousé une demoiselle F-G Dufour qui lui donna trois garçons : Amédée né en 1844, Ernest-Sylvain en 1846 et Auguste en 1847.
Sous sa direction, la fabrique de cloche élargit son domaine de fabrication et diversifie ses activités. Il fabrique ainsi des robinets, des canalisations, des pompes, des béliers hydrauliques (découverte de Joseph de Montgolfier, celui-là même qui sera à l’origine de la montgolfière avec son frère).
Le développement industriel et agricole de la seconde moitié du XIX ème siècle exige un approvisionnement en eau plus important et des normes de pureté plus strictes.
C’est la grande époque de l’essor industriel.
Tous les membres de la famille ont déposé des brevets très divers tels que : une cloche produisant un certain son, une machine à imprimer des tickets de train, une locomotive et même une mitrailleuse !
L’éolienne a été commercialisée à partir de 1874.
A la mort d’Ernest-Sylvain Bollée, Amédée reprend la fonderie (qu’il réactivera de temps en temps pour assurer les finances de sa branche automobile), Ernest hérite des béliers hydrauliques (c’est cette branche là qui existe encore aujourd’hui. Elle ne produit plus des béliers mais du matériel hydraulique) et enfin Auguste qui prend la tête de la section éolienne.
Auguste n’a pas vraiment une âme d’entrepreneur. Il vend les brevets et l’usine, à E. Lebert en 1898.
Il peut dés lors se consacrer à sa passion : la peinture. Il « monte » à Paris et se lance dans le mouvement impressionniste .........où il ne laissera guère d’impressions car il ne rencontre pas le succès espéré. Il meurt en 1906.
E. Lebert et ses successeurs ont continué d’utiliser le nom prestigieux de Bollée. Ils fabriquaient également des robinets, des bornes fontaines et du matériel hydraulique.
En 1917, l’entreprise passe aux mains de G. Duplay puis devient en 1926 la Société Anonyme des Eoliennes Bollée qui sera absorbée par la société des ateliers de construction de Paimboeuf. Les ateliers continueront à fabriquer des pièces détachées pour la réparation des éoliennes jusque dans les années 60.
La production des éoliennes semble s’être arrêtée dans les années 20.
N.B : Amédée (fils d’Amédée) et son frère Léon sont des pionniers de la construction automobile. Des voitures sortiront sous leur nom : l’obéissante, la Mancelle, la rapide etc.
Détails techniques, comment fonctionne une éolienne Bollée ?
Pour reprendre un vocabulaire emprunté aux turbines hydrauliques, nous sommes en présence d’un stator et d’un rotor. Les pales du stator sont incurvées dans le sens contraire des pales du rotor, dirigeant le flux presque perpendiculairement au plan d’attaque des lames du rotor.
Le nombre des pales du rotor est inférieur à celui des pales du stator pour faciliter l’écoulement du flux d’air.
Sur le premier brevet pris par Ernest Bollée, il y a déjà le stator et le rotor mais E. Bollée le met face au vent grâce à une large queue rigide (Il n’y a pas eu d’éolienne construite sous ce brevet).
Le second brevet modifie cette mise au vent en ajoutant une roue à ailettes placées devant le stator. Elle se met à tourner lorsque le vent la frappe de biais et par un jeu d’engrenage, elle provoque la rotation de toute la tête de l’éolienne jusqu’à ce qu’elle soit face au vent. La roue à ailettes est suspendue au bout d’un châssis horizontal fixé au garde corps.
La colonne qui supporte la tête de l’éolienne subit aussi une modification par rapport au premier brevet car de bois et de fonte, elle deviendra une colonne pleine en fonte.
La colonne et l’escalier qui l’encercle, transcendent l’élégance de l’éolienne. Le tout est en fonte. Elle est maintenue par des haubans (également en fonte) ancrés dans le sol par de gros et lourds blocs de maçonnerie.
Quatre lettres (30cm) N-O-E-S dans le plus pur style Art Nouveau indiquent la direction du vent et ornent la balustrade.
Seuls la structure en fonte, les haubans et le système hydrauliques étaient fabriqués et fournis par E. Bollée. Le local technique était à la charge de l’acheteur.
Il y a 4 types d’éoliennes Bollée :
- Type 1 : le diamètre de la turbine est de 2,5m. Elle a une hauteur de 19 m environ. Le rotor comporte 18 pales et le stator 26 pales. C’est le modèle de celle de Sorigny
- Type 2 : Le diamètre de la turbine est de 3,5 m. Elle mesure également environ 19 m. Le rotor est composé de 24 pales, le stator de 34 pales
- Type 3 : Le diamètre de la turbine est de 5 m. Le rotor est composé de 32 pales, le stator de 44 pales.
- Type 4 : Le diamètre de la turbine est de 7 m. Il n’y en a pas en Touraine.
Pour installer une éolienne de type 1 ou de type 2, il fallait environ 3 semaines de montage pour un monteur-mécanicien et un manœuvre. L’échafaudage pesait près de 700kg.
Sources : Jean Claude Pestel – Président d’Honneur de l’ASPE – Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Esvriens
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